Dans les pays anglo-saxons, la gouvernance de projet est marquée par une séparation stricte entre maîtrise d’ouvrage, concepteurs, Project Manager et Cost Manager.
Des audits indépendants sont mandatés à toutes les phases-clés : conception, appel d’offres, exécution, réception. Cette approche limite les conflits d’intérêts et permet d’identifier rapidement les dérives potentielles.
- Audits externes réguliers (par exemple, National Audit Office au Royaume-Uni, Government Accountability Office aux États-Unis).
- Procédures d’alerte rapide : l’apparition de tout écart significatif déclenche une revue, une analyse des causes et, si besoin, la révision du plan d’action.
De nombreuses études consacrent une section importante à la gouvernance des grands projets publics, en soulignant son rôle central dans la prévention des dépassements de coûts, telles que Mc Kinsey (1), BCG (2) ou encore FasterCapital (3).
- Gouvernance comme levier de maîtrise budgétaire
Les études insistent sur le fait que les dépassements de coûts ne sont pas uniquement dus à des facteurs techniques ou économiques, mais souvent à une gouvernance défaillante :
Voici les principaux enseignements développés :
Cela inclut :
- Une planification initiale insuffisante.
- Des rôles mal définis entre les parties prenantes.
- Une absence de mécanismes de contrôle indépendants.
- Cadre de gouvernance recommandé
Les études proposent un cadre structuré pour améliorer la gouvernance des projets :
a) Définition claire des responsabilités
Chaque acteur (maître d’ouvrage, financeur, opérateur, contrôleur) doit avoir un rôle précis, documenté et suivi.
b) Comités de pilotage indépendants
Mise en place de comités de suivi composés d’experts externes pour évaluer régulièrement :
- L’avancement technique.
- Les écarts budgétaires.
- Les risques émergents.
c) Transparence et traçabilité
Utilisation d’outils numériques pour assurer une traçabilité complète des décisions, des avenants contractuels et des ajustements de périmètre.
3. Intégration de la technologie
Les études soulignent l’importance de solutions numériques pour renforcer la gouvernance :
- Tableaux de bord en temps réel.
- Alertes automatiques en cas de dérive.
- Archivage des décisionspour auditabilité.
4. Fonctions stratégiques du cost manager :
Dans le cadre de la gouvernance des coûts, chez RLB, nous décrivons une évolution vers une approche intégrée où le cost manager devient un acteur clé de la performance globale du projet :
« La gouvernance des coûts transcende la budgétisation traditionnelle et évolue vers un outil stratégique qui protège l’intégrité financière d’une organisation. »
- Anticipation des risques financiers: en identifiant les zones de vulnérabilité budgétaire dès la phase de conception.
- Suivi en temps réel des écarts: grâce à des outils numériques et des tableaux de bord.
- Interface entre les parties prenantes: en assurant la transparence des décisions budgétaires.
- Optimisation des ressources: en proposant des arbitrages éclairés entre coût, qualité et délai.
5. Intégration dans la gouvernance :
Le cost manager est présenté comme un pivot entre la direction de projet, les financeurs et les organes de contrôle, contribuant à une gouvernance plus agile et plus responsable.
Conclusion
La gouvernance est présentée non pas comme un simple cadre administratif, mais comme un outil stratégique de performance.
Une gouvernance rigoureuse permet d’anticiper les dérives, de responsabiliser les acteurs et de restaurer la confiance du public dans la gestion des fonds publics.
Matthieu LAMY – Président RLB SQA
(1) Mc Kinsey – Delivering large-scale IT projects on time, on budget, and on value, 2012
(2) BGC – AI Shifts IT Budgets to Growth Investments
(3) FasterCapital (2024) – Etude intitulé « Prévention des dépassements de coûts – Études de cas : prévention réussie dans les grands projets d’infrastructure »