Le cost management consiste à planifier, estimer, budgétiser, financer, gérer et contrôler les coûts afin que le projet soit mené à bien dans les limites du budget approuvé.
Contrairement au système français, dans le monde anglo-saxon, cette discipline est solidement institutionnalisée et repose sur des standards professionnels largement partagés, tels que ceux du Project Management Institute (PMI), de l’Association for the Advancement of Cost Engineering (AACE), ou de la Royal Institution of Chartered Surveyors (RICS).
- Planification détaillée et estimations itératives : Dès l’amont, des experts spécialisés procèdent à des analyses de coûts multicritères, actualisées à chaque étape clé du projet.
- Work Breakdown Structure (WBS) : La décomposition systématique du projet en lots de travail facilite le suivi précis de chaque poste de dépense.
- Utilisation généralisée de l’Earned Value Management (EVM) : Cet outil permet d’évaluer en temps réel la performance budgétaire et l’avancement des travaux, en croisant budget, coûts réels et valeur acquise.
- Culture du reporting et de la transparence : La transmission régulière d’indicateurs financiers aux parties prenantes engendre une forte réactivité en cas de dérive.
Les méthodes de cost management apportent une contribution essentielle à la maîtrise des grands projets publics, en particulier dans un contexte où les dépassements de coûts sont fréquents. Voici un développement structuré sur leur apport :
1. Définition du cost management
Le cost management désigne l’ensemble des méthodes, outils et processus permettant de :
- prévoir,
- planifier,
- contrôlerles coûts d’un projet tout au long de son cycle de vie.
Il ne s’agit pas seulement de budgétisation, mais d’un pilotage stratégique des ressources financières.
2. Apports concrets dans les projets publics
a. Estimation réaliste des coûts
- Utilisation de bases de données historiques.
- Méthodes comme le reference class forecasting(préconisée par Bent Flyvbjerg).
- Prise en compte des aléas dès la phase de conception.
b. Planification budgétaire dynamique
- Élaboration de budgets phasés (études, travaux, aléas).
- Intégration des coûts indirects (foncier, maîtrise d’œuvre, assurances).
c. Suivi en temps réel
- Tableaux de bord financiers.
- Indicateurs d’écarts (prévision vs réalisé).
- Alertes précoces en cas de dérive.
d. Aide à la décision
- Simulation de scénarios (valeur, coût, délai).
- Arbitrages éclairés entre options techniques ou programmatiques.
e. Responsabilisation des acteurs
- Clarification des responsabilités financières.
- Meilleure coordination entre MOA, MOE, AMO et entreprises.
3. Intégration dans la gouvernance
Le cost management devient un outil de gouvernance :
- Il alimente les comités de pilotage.
- Il structure les revues de projet.
- Il renforce la transparence vis-à-vis des financeurs et du public.
4. Enjeux spécifiques dans le secteur public
- Respect des enveloppes votées par les assemblées.
- Conformité aux règles de la commande publique.
- Nécessité de justifier l’efficience de la dépense publique.
Matthieu LAMY
Président, RLB|SQA